Ludovic Seutchie, 44 ans, est le nouveau salarié du HBC Nantes. Sur le papier, rien d’extravagant. Sauf que c’est à plus de 6000 kilomètres de la H Arena que l’entraîneur va opérer : à Cotonou. C’est lui qui va prendre en main le projet de l’Académie au Bénin. Rencontre.
« J’ai un parcours atypique ». Ce passionné de handball depuis tout petit suivait son père, entraineur à l’époque, dans toutes les salles de la région parisienne, puis en Eure-et-Loire. « J’ai toujours joué au handball, mais j’ai très vite su que je voulais devenir éducateur, entraineur de handball ». À 16 ans, il passe les Brevets Fédéraux en étant le plus jeune des différentes formations et une fois le BAC en poche, il se lance dans ses études en STAPS qu’il termine à Montpellier. « Au MHB, j’étais clairement plus souvent derrière le banc de Patrice Canayer ou Jérôme Diaz qu’à la fac ». Là-bas, il obtient son Brevet d’Etat avant de faire « un choix stratégique pour la suite » qui l’amène au HBC Confolentais dans la campagne charentaise. « J’ai passé 2 ans à faire un peu tout ce que l’on pouvait faire dans un club amateur. Cela m’a permis de voir toutes les facettes du handball, sur ou hors terrain ».

En manque de haut niveau, il devient salarié du Fenix Toulouse pendant une dizaine d’années où il obtient tous les diplômes fédéraux et le BE2. « J’entrainais principalement les U18 Championnat de France, mais je faisais aussi l’école de hand, un peu le centre de formation, des entrainements individuels avec certains pros ». Ludovic a notamment connu Aymeric Minne durant ses jeunes années toulousaines, d’abord en tant qu’adversaire avec Tournefeuille, puis partenaire d’entrainement en Nationale 2. « Je ne suis pas surpris de ce qu’il fait aujourd’hui car il a toujours fait ainsi. Il avait de très grosses qualités handball évidemment, mais surtout, et ce qui m’importe le plus, c’est qu’il avait de très belles qualités humaines ». Et le monde est petit puisque Ludovic a également entrainé Tristan Rocancourt et Emmanuel Marty, entraineurs au HBC Nantes et HBC Nantais depuis le début de la saison.
Baroudeur, toujours en quête de nouvelles expériences, il devient entraineur et directeur sportif de Vaulx-en-Velin, en 2ème division féminine. « Puis le plus gros club de l’Ile de la Réunion (la Créssonnière) m’a appelé », alors le voilà parti à nouveau, cette fois plus loin que la métropole « pour s’occuper des jeunes et des entraineurs ».
On peut le dire, Ludo ne semble pas être casanier et a connu beaucoup d’expériences différentes. « Je n’ai jamais eu de plan de carrière tracé. J’ai toujours fonctionné aux ressentis, au feeling, guidé par des valeurs qui me sont chères que sont le sport et l’humain surtout. Je ne me suis jamais trop pris la tête, mais j’ai toujours eu la volonté de travailler avec des gens respectueux, engagés et qui aiment partager ».

Lui qui aime les nouvelles aventures devrait être servir. Ludovic Seutchie est parti cette semaine en direction du Bénin pour prendre en main, sur place, le projet de l’Académie. « C’est un pays d’Afrique qui est en essor, sur les aspects économiques, sociaux, politiques et dans le sport ». Même s’il suit l’évolution du handball en Afrique depuis de nombreuses années et qu’il a quelques connaissances béninoises, cela va être une totale découverte pour lui. « Le Bénin est un pays moteur dans le développement du handball. Il est inscrit dans toutes les compétitions continentales, il y a une réelle communication sur les championnats séniors hommes et femmes ». Pour ce qui est des infrastructures et de l’organisation, il découvrira tout sur place dans les prochains jours. « Je n’ai pas envie de trop me projeter pour l’instant tant que je ne suis pas encore pleinement dedans. Il y a une part d’incertitudes et d’aventure qui me va bien ».
Gaël Pelletier, président du HBC Nantes et Rock Feliho, ambassadeur - directeur commercial et développement, ont évidemment été, d’un grand soutien et de bons conseils dans leurs échanges, eux qui ont déjà été à Cotonou à de nombreuses reprises. « Rock est Béninois, donc il y a évidemment beaucoup d’émotions pour lui. Mais ce qui est intéressant, c’est que Gaël, qui a un avis plus extérieur, partage cette vision et cette envie ».
« J’aime construire, bâtir des choses. C’est un projet très innovant de la part du « H », un club reconnu mondialement pour son professionnalisme, sa rigueur et sa bienveillance. Cela ne peut être que gratifiant de faire partie de cela. Miser sur le handball africain, béninois pour notre part, c’est très vertueux. Le projet correspond vraiment à ce que je suis et ce que j’ai envie de faire ».
Son rôle au Bénin sera multiple et partira de ce qui existe déjà : des enfants qui font déjà du handball dans des sections sportives (classe handball). « Le but sera d’intervenir auprès de ces jeunes notamment à Cotonou et de détecter les jeunes garçons et filles sur tout le territoire béninois ». Il ne sera pas tout seul pour cela, il sera accompagné par les dirigeants et éducateurs locaux déjà en place qui font vivre le handball au quotidien au Bénin. Justement, il aura aussi un rôle sur « la formation des entraineurs sur place. Faire en sorte qu’ils augmentent leurs capacités handballistiques, mais aussi dans le savoir-être et les savoir-faires ».

Avant son départ, Ludovic a pu passer 3 semaines en immersion totale dans les locaux du HBC Nantes et HBC Nantais, afin de s’imprégner de l’organisation du club. « J’ai eu la chance d’être très libre dans mes mouvements. C’était important de rencontrer les gens qui gravitent autour du club et notamment les dirigeants, les salariés et les bénévoles. Cela permet de sentir et m’approprier l’ADN et les valeurs du « H » ». De l’observation des séances de baby hand, en passant par l’entrainement des pros, du centre de formation, puis les matchs à la H Arena ou des équipes jeunes, et pour finir les différents échanges avec tous les salariés sportifs ou administratifs, les semaines étaient chargées mais ont permis à Ludovic d’en apprendre bien plus sur la manière de fonctionner du HBC Nantes.
« Il y a quelque chose qui est frappant, c’est cette idée de famille, la H family que j’ai vraiment bien ressentie. C’est paradoxal car généralement, le haut niveau prend le pas sur cet aspect convivial, familial et solidaire. J’ai vraiment trouvé de l’unité dans tout ce beau monde. Les gens sont heureux, fiers de faire partie du HBC Nantes ». Cette passion et cet attachement au club, il l’a également ressenti chez tous nos supporters. « Ce qui est impressionnant, c’est l’engouement qu’il y a autour de l’équipe. Les supporters, les abonnés, les partenaires, sont tous contents de se retrouver, de partager autour des matchs à la H Arena. L’ambiance est énorme, constante ».

Pour Ludovic, l’objectif est désormais de « retranscrire tout cet état d’esprit, cet ADN » au Bénin. « Les valeurs de respect, de combattivité et de solidarité, c’est vraiment cela que je veux retranscrire, tout comme la bienveillance et la rigueur du haut niveau ». « Sur le modèle de jeu, on ne peut pas faire du copier-coller, mais si le Bénin veut s’inscrire sur la scène internationale et renforcer son lien avec le « H », il faudra que les collectifs soient capables de défendre très fort et de monter les balles. Il y a également le savoir-s’entrainer, faire beaucoup d’efforts, la résilience ». Avec son expérience et son goût pour le challenge, nul doute que Ludovic Seutchie saura parfaitement s’intégrer à Cotonou et transmettre ses connaissances aux entraineurs et jeunes béninois.
À bientôt Ludo !
